Mon corps m'est devenu cher très tard. A 34 ans, très précisément, un
soir de mai, sur mon lit d'hôpital. Je sais que cela aurait dû
m'apparaitre bien plus tôt, mais c'est comme ça ; je n'ai compris qu'à
cet instant qu'il était important. Je me suis réveillée un matin d'avril 2010 avec 39°5 et des courbatures, et la fièvre ne m'a pas quittée pendant 45 jours. Les médecins m'ont parlé de maladie auto-inflammatoire et collée sous cortisone pour un CDD dont j'ignorais
alors qu'il était renouvelable. Régime sans sel, crampes nocturnes, rétention d'eau, détérioration du métabolisme et de l'humeur... En deux ans, j'ai cessé de me réveiller avec le sourire, pris 25 kg et développé quelques craintes irrationnelles, comme celle de l'élévation de ma chaleur corporelle. Dans ces conditions, et après quelques tentatives désastreuses, j'ai fini par comprendre que je n'arriverai pas à me remettre au sport toute seule.
J'ai donc décidé d'appeler Pascal.
Voilà quelques années, j'ai griffonné le numéro de ce coach sportif sur un post-it. Usé, râpé, déchiré, je l'ai transféré d'un agenda à l'autre chaque 31 décembre. Cet hiver, j'ai même fini par le jeter, persuadée de ne jamais arriver à l'appeler.
Ce matin, suite à un défi lancé par mon meilleur ami, j'ai demandé à nouveau son numéro à Stéphanie, la collègue qui me l'avait confié la première fois, et j'ai composé le numéro.