Je ne vais pas m'attarder sur les côtés sympa de cette perte de poids, je pense que vous pouvez tous imaginer ce que cela induit de positif, en terme de santé, d'estime et d'image de soi, et de pleins de petits trucs très concrets, comme pouvoir à nouveau croiser son reflet sans penser derechef "mon dieu, mais qui est cette grosse dame, là, qui passe dev.... aaaaaaaaaaaah !!!", ou pouvoir se hisser avec le sourire hors d'un transat... La chose a été expérimentée pas plus tard que dimanche soir sur les bords de Seine. J'ai eu l'impression de faire trente squats en même temps, mais je suis restée digne.
Non, je vais vous épargner les clichés, et me concentrer sur un point trop rarement dénoncé : le truc moins sympa, avec la perte de poids, c'est la perte de pantalon.
En ville, ça va, on met une ceinture, on fait des pinces, et on passe à autre chose.
Mais quand ça arrive sur une piste d'athlétisme, pendant un fractionné, on fait quoi, au juste ?
Vous imaginez Usain Bolt ou Myriam Soumaré se taper un sprint en tenant son falzar ? Non ? Ben moi non plus.
C'est pourtant ce que j'ai dû faire dimanche dernier, au stade Emile Anthoine, dans la deuxième moitié d'un tour de piste qui, croyez moi, n'avait pas besoin de ça pour être épique.
Le but était de faire le tour en 2 minutes.
Avant de partir, Pascal a pris le temps de me rappeler plusieurs faits :
- En temps normal, je fais le tour en 2'30 (je me souviens même d'un 3' lors de mon premier demi-cooper)
- Nous venons, pendant la première partie de l'entrainement, de faire une série d'exercices durant lesquels j'ai précisément couru, à chaque fois, pendant 2 minutes à vive allure. Donc je suis tout à fait capable de le refaire.
- Arrivée à mi-parcours, je vais avoir du mal à respirer. Je le sais, ça n'est pas grave, je le gère.
- Nous ne ferons qu'un tour, donc je peux donner tout ce que j'ai.
Eh ben.
Me voilà dans de beaux draps.
"Aucune raison de ne pas y arriver" n'est pas forcément un message rassurant : cela veut dire aussi "aucune excuse". Et évidemment, c'est celui-là que j'entends.
Pascal me suit, pour me donner le tempo. Très vite, je sens qu'il remonte sur mes pas. Je sais donc, avant même d'atteindre le tournant, que je suis trop lente, alors que j'ai déjà le sentiment de tout donner. C'est tuant. Pascal m'encourage, me dit que c'est bien, que je dois m'accrocher. Mais sa voix ne couvre pas celle du régent intérieur, qui commence à psychoter. Baisse les épaules. Relax. Ton ventre ! c'est ton ventre qui respire, pas ta poitrine. Desserre les mâchoires. Allonge la jambe. Mais j'ai les tempes qui vont imploser ! Et alors ? Je ne vais pas tenir, c'est pas possible. Je me sens gourde, je me sens lourde. Je suis nulle. Ouais, t'es nulle, tu n... Je crois que c'est à cet instant précis que mon bourrelet a décidé, hop!, d'enjamber le parapet de mon corsaire Tight Nike (qui est fabuleux, mais non ajustable).
La classe.
Je m'entendais déjà ventiler comme un soufflet de forge, et voilà que mon bidou se fait la malle... Non, honnêtement, je pense que ça, c'était le truc pourri de trop.
Comment je vais faire, pour courir 6 km, dans 2 mois ?!
Autant vous dire que quand Pascal m'a annoncé "2'18 ! tu as gagné 12 secondes", moi, j'ai entendu : tu as 18 secondes de retard sur le contrat, va t'acheter un pantalon.
Heureusement, nous sommes passés à la seconde partie de l'entrainement.
Enchaîner 4 sauts de mini-haies (à pieds joints) sans impératif de durée.
Enchaîner 4 sauts de mini-haies en un minimum de temps.
Enchaîner 4 sauts de mini-haies puis courir dans l'échelle au sol, deux pas entre chaque barreau.
Enchaîner 4 sauts de mini-haies puis courir dans l'échelle au sol, deux pas entre chaque barreau, puis sprinter sur quelques mètres en sortant.
Enchaîner 4 sauts de mini-haies puis courir dans l'échelle au sol, un pas tous les deux barreaux, puis sprinter jusqu'au trait des 20 mètres. 9"20
Hey, c'est pas loin du record du monde, ça !! Sur 100 m. Oui. Bon.
Enlever les mini-haies et l'échelle.
Sprinter sur 20 mètres. 8"74
Ben merde alors, mais j'adore ça !?
Je revis. J'ai l'impression de m'envoler. Je ne me subis plus, comme tout à l'heure. D'ailleurs, je ne m'entends plus respirer. Et pour cause : le sprint ne permet que de toutes petites inspirations.
La principale raison est que l'organisme sollicite, dans les efforts de grande intensité, la fillière anaérobie : il n'utilise pas l'oxygène apporté par la respiration (l'organisme comprend que cela ne sera pas suffisamment efficace), mais il tape dans les réserves :
- celles de glycogène, en zone d'anaérobie lactique. C'est la filière sollicitée en cas d'effort intense, qui peut durer au maximum 3 minutes. Elle est appelée ainsi parce que de l'acide lactique est alors produit par l'organisme. Gare aux courbatures le lendemain, d'ailleurs...
- celles d'ATP (l'adénosine triphosphate, en gros notre carburant à tous), en zone d'anaérobie alactique, pour les efforts très intenses : pas de création d'acide lactique, donc pas de courbatures, mais l'effort est tel qu'il ne peut pas durer plus de 10 secondes. C'est la zone du sprint.
Trois minutes de récupération (c'est le temps nécessaire à la reconstitution de l'ATP par le corps).
Recommencer. 7"04
Quand Pascal m'a dit mon temps, je n'en ai pas cru mes oreilles. Moi qui pensais avoir foiré mon départ !
Vingt mètres, ça n'est vraiment pas grand chose. Et de l'aveu de Pascal, cet exercice ne m'aidera pas pour la Parisienne. Mais il m'a aidée dimanche dernier. Pendant quelques minutes, je me suis bien fichue de mon pantalon, et le régent a enfin fermé sa grande gueule.
Restait la joie, seule.
Et si tu courrais en robe ?
RépondreSupprimerCécile
hahahahahahaha (je suis en train de visualiser) hahahahahaha !
RépondreSupprimerTu devrais postuler pour commenter les JO; ce serait nettement plus intéressant (on apprend plein de trucs) et tellement plus drôle.
RépondreSupprimerEt puis bravo pour les 10 de moins
Merci !! Je suis dégoûtée parce que je ne vais pas pouvoir suivre les J.O. cette année, je serai partie exactement à cette période...
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