Samedi, 11h25.
Je presse le pas dans les couloirs de la Gare d'Austerlitz en entendant le RER arriver. Ce matin, j'ai rendez-vous au stade Emile Anthoine avec Pascal. J'ai hâte d'y être.
Cela fait 15 jours que je n'arrive plus à écrire. Je suis fatiguée, et il ne m'est rien arrivé de marquant qui mérite d'être raconté ici : la piscine est fermée jusqu'au 15 juillet, et mes entrainements se limitent à des séances de musculation durant lesquelles j'ai plus le sentiment de faire des maths que du sport. Sachant que Caroline doit porter 17.5 kg en 7 séries de 12 répétitions, que T = 36" et R = 2', quel est le volume d'eau exsudé par Caroline dans une séance d'1h30 ?...
Les portes de la rame se referment derrière moi dans un claquement sec. J'avise un siège à côté d'une fenêtre, pas très propre, mais ça ira bien
jusqu'au Champ de Mars. J'ai hâte d'y être, disais-je. Ce bon vieux Emile Anthoine... Qu'est-ce qu'il me réserve, cette fois ? En général, quand Pascal me donne rendez-vous là-bas, en prenant le soin de me préciser "sois en forme !" la veille... c'est que je ne vais pas m'ennuyer. Je parie pour du fractionné, une crise de spasmophilie dans le virage, des larmes, de la colère, de la déception, et l'esprit sportif qui l'emporte à la fin.
Les portes du RER s'ouvrent sur la Seine, reflétant les lueurs d'un soleil éclatant.
Pitié, pitié, pourvu que je ne souffre pas trop...
Quand j'arrive sur la piste d'athlé, Pascal est déjà là, en train d'installer une échelle plate au sol, longue de 5 mètres, avec des "barreaux" blanc. Juste à côté, des mini haies orange (d'une vingtaine de centimètres de hauteur ?), espacées sur environ 3 mètres, sont couchées, les pieds en l'air.
"Les Jeux commencent bientôt, alors j'ai pensé que ça serait sympa de te faire faire des mini jeux olympiques. Et tu vas enfin pouvoir mesurer tout l'intérêt de tes séances de musculation..."
Toute imprégnée encore des images du championnat d'Europe d'athlétisme que j'ai regardé la veille sur France 3, je suis aux anges. De ne pas courir, j'avoue, mais aussi de découvrir de nouveaux exercices, d'avoir très certainement l'occasion de me marrer un coup (des haies de 20 cm... et vous croyez que je ne vais PAS tomber, c'est ça ?!), et surtout d'oublier un instant qu'il s'agit de perdre du poids.
Parce qu'au fond, je ne suis pas sûre que ce soit ça, mon objectif. L'objectif c'est de retrouver tout ce que permet la perte de poids, pas la perte de poids elle-même, c'est un peu différent. D'abord parce qu'on ne passe pas sa vie le nez sur la balance (... enfin au passage, je vous glisse que j'ai perdu 9 kg, voilà, c'est fait), ensuite parce que même dans les périodes où on ne perd pas un gramme (comme c'est le cas pour moi depuis 15 jours), on sent quand même des différences. Courir après le RER, tiens, par exemple (et l'avoir). Monter sans difficultés les 3 étages qui me séparent de mon médecin, quand j'arrive dans son immeuble dont l'ascenseur est en panne depuis... ben depuis toujours. Remettre un pantalon d'une taille en dessous, qu'on gardait précieusement pour faire le test (et se rendre compte que la braguette est cassée. Maigrir ne rend pas plus soigneux, faut pas déconner)... se retrouver, en somme.
"Comme ça : tac tac tac tac tac tac tac tac...
Je regarde les mollets saillants de Pascal s'agiter dans l'échelle plate. Deux pas entre chaque barreau, on dirait qu'il piétine, mais il avance à toute allure.
... tac tac tac tac, ok ? Allez, c'est parti !!"
C'est à moi. Ah ouais, ça va vite. A chaque reprise, je dois changer de pied d'appel. Je dois rester concentrée pour ne pas me tromper et pour ne pas me casser la figure. On change d'exercice, une fois, deux fois, ça se corse, il faut passer des pieds derrière, puis sur le côté, putainputainputainputain, ne pas se laisser entraîner en avant par le poids du coooo.....trop tard.
A la fin de la première session, je regarde ma montre. Ma fréquence cardiaque est montée à 180, c'est à dire la fréquence que j’atteins quand je fais des accélérations, en course à pied. Des pointes à 180 en alternance avec des temps de récupération, attendez, mais ça me rappelle un truc... le fractionné, c'est ça ! Pascal est en train de me prouver qu'on peut faire du fractionné autrement. Et que je vais pouvoir en faire pendant mes vacances, quand je serai loin de toute civilisation. Je me trace une ligne sur le sol, et hop, tac tac tac tac tac tac tac.
La deuxième session m'a fait décoller. Littéralement. Oh, pas de beaucoup. Quelques centimètres. Au début, je devais sauter entre les mini haies couchées. Puis il a fallu sauter entre les mini haies relevées. Croyez moi, la prochaine fois que je fais des squats, je vais penser à cette pauvre haie de 20 centimètres sur laquelle j'ai atterri à pieds joints. Ou encore de ces très longues, trop longues secondes qu'il m'a fallu pour me redresser à chaque fin de saut. Un peu comme les gymnastes, quand ils sortent des barres asymétriques ou de la poutre, PAM, ils te font un contrôleur aérien parfait, les fesses serrées, les bras tendus. Chez moi, le contrôleur, il était bourré. Ou malade. Voire les deux. Et j'avais juste fait un saut, pas trois vrilles et un salto arrière.
Cet exercice "pliométrique" a mis en lumière le rôle crucial des bras. Ils aident à la prise d'élan et à l'équilibre, dans le saut, comme dans la course. Je l'ai compris quand Pascal m'a demandé de faire les mêmes sauts en me tenant les épaules, les bras repliés contre moi. Et j'en ai eu la preuve au réveil ce matin, quand j'ai senti des courbatures incroyables dans les trapèzes, alors que côté jambes, tout allait bien. La prochaine fois que je ferai des développés couchés et des rowings à la barre (c'est le mouvement du rameur, mais vous êtes debout, les genoux légèrement pliés, et c'est une barre de musculation qui sert de rames), je me souviendrai que cela sert à courir et à sauter, et pas juste à faire la mariole dans une salle de sport.
J'ai fini cette séance par un mini fractionné sur la piste. Pascal m'a demandé en combien de temps je voulais faire l'accélération. Après quelques hésitations, j'ai opté pour 1'20. C'est le temps que je sais savoir faire. Rien de confortable, mais pas de mise en danger non plus. Si j'avais eu le courage, j'aurais dit 1'15, le temps que je n'ai pas réussi à faire la dernière fois. Mais je croyais que nous allions faire plusieurs tours, alors j'ai décidé de me ménager. Contrairement aux fois précédentes, Pascal n'était pas à mes côtés, ni devant, mais derrière moi, assurant la cadence en coulisse. En sortie de virage, il m'a annoncé que j'avais fait très exactement 1'20. :-)
*Fière*
Bilan de cette séance "mini" :
Durée : 1h46
Calories : 854
Vitesse maximale : 11.8 km/h
FC moyenne : 147 (80%)
FC maximale : 185 (101%)
FC minimale : 88 (48%)
un regal tjs... et surtout a present que je fais aussi du sport je decouvre ds ma peau ce que sotnc es exercices ;-)
RépondreSupprimerMerci ma belle ! Et bon courage ;-)
RépondreSupprimerUn régal, je confirme.
RépondreSupprimerSi tu as besoin d'aide pour les calculs, n'hésite pas à faire appel à moi; j'ai fait mes preuves, hein! :)
Et comment !! Je m'en voudrais de passer à côté d'une séance de maths avec toi ! ;-)
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